TRIANGLE D'OR BENIN

TRIANGLE D'OR BENIN

Mike au Bénin !

A ne pas confondre avec un personnage de Georges Rémi (bien que !!!)

Premières impressions africaines
et opération TOB
mai 2013

Michel Verpeaux
Lions-Club Dijon Vallons
DM 103 CE

 

 

Préambule :

Avant ce tout premier contact avec l’Afrique noire, le contenu d’un séjour sur place dans le cadre de l’opération « Triangle d’Or au Bénin » (TOB) me paraissait très flou.

 

En effet, le travail entamé avec Jeanine Bonamy, dès la constitution des différents groupes projets en 2011, sur les questions d’épidémiologie et d’exploitation des informations sur le diabète au Bénin, était resté assez décevant. L’absence de contacts avec des interlocuteurs béninois et surtout le manque de données postérieures à 2008 ne m’avaient pas permis d’investir réellement ce projet, malgré les communications nombreuses en direction des clubs du District, notamment après la journée de dépistage du 14 novembre 2012 à Sakété.

 

Mais mon intérêt était intact et n’attendait qu’une occasion pour s’exprimer, celle d’une sollicitation par Marguerite et Hubert Thura de les accompagner en mai 2013, pour un séjour d’une semaine au Bénin.

La première impression, à l’arrivée à Cotonou, puis pendant le trajet de 2 heures en voiture jusqu’à la Maison du Diabète à Sakété, également lieu d’hébergement des stagiaires et visiteurs étrangers, est celle d’avoir « changé de planète » : une multitude de mobylettes et motos surchargées de matériaux divers et volumineux, pilotes et passagers sans casque, peu de voitures particulières mais également remplies à ras bord de personnes et de marchandises, et des camions dont la hauteur du chargement dépasse celle du véhicule, un bas-côté de terre envahi par des abris en bois de fortune, des étals de produits les plus divers et par une foule bigarrée et bruyante.

La circulation semble anarchique, sans feu rouge, sans priorité bien établie, hormis celle du klaxon et de la volonté de s’imposer pour passer, mais tout cela sans agressivité ou énervements apparents et surtout sans trop de bouchons.

Et puis, après avoir quitté la route goudronnée, à l’entrée de Sakété, c’est la piste en terre rouge, constellée de trous et de ravines entre lesquels serpentent les voitures et les deux roues, souvent à contre-sens.

Je suis plongé d’emblée (sans le savoir encore) dans l’ambiance des relations qui vont marquer la plupart de mes rencontres avec mes interlocuteurs africains : des gens charmants et souriants, une bonne volonté manifeste pour vous aider dans vos recherches, mais une appréhension du temps aléatoire (une rencontre ne peut apparemment réunir l’ensemble des participants invités qu’une demi-heure à une heure après l’heure prévue…), un fatalisme positif face au manque de moyens [1] et une organisation difficile à comprendre pour un européen, entre des « règles » officielles apparemment contraignantes et un respect très aléatoire de celles-ci, en fonction des personnes concernées et du contexte…

La mission :

 Chargé avec Jeanine Bonamy du volet « épidémiologie » de l’opération « TOB », je partais avec l’idée de comprendre l’organisation du recueil des données de santé au Bénin, leur circuit et leur exploitation afin d’intégrer les données sur le diabète dans le système général de gestion de l’information portant sur les patients et sur le système de soins.

Mais, au fur et à mesure des rencontres et de la consultation des documents disponibles, je me suis rendu compte de la grande complexité du projet :

-  une problématique globale et multiforme associant la prévention, le dépistage, la prise en charge du diabète et l’évaluation de celle-ci (c’est à dire l’ensemble des volets de l’opération « TOB ») dans un contexte général de manque de moyens, de méthodologies mouvantes et d’intervenants locaux diversement motivés ;

-  une organisation sanitaire au Bénin apparemment très hiérarchisée, avec ses trois niveaux officiellement identifiés (niveau ministériel, départemental et périphérique), mais dans laquelle les différentes parties impliquées ne communiquent et ne se coordonnent pas de façon satisfaisante. On peut citer l’exemple de différents Ministères pourtant concernés, mais qui ne sont pas encore associés à la mise en œuvre coordonnée du Plan national de lutte contre les maladies non transmissibles (MNT), dont le diabète fait partie. On peut citer encore les médecins coordonnateurs de zone[2] qui chapeautent les fonctionnements des centres de santé et des hôpitaux de zone et de leurs médecins, mais qui paradoxalement n’ont pas eu connaissance, semble-t-il, des différents « protocoles de prévention et de prise en charge intégrée des MNT », inspirés de l’OMS, pourtant officialisés et publiés en 2010 ;

-  une gestion des informations de santé au Bénin peu fiable et non exhaustive,

  • du fait d’un manque d’outils adaptés de recueil en routine : maquettes de carnet de soins personnel du patient et de dossier médical à améliorer, registres des centres de santé périphériques à modifier pour permettre le signalement d’un diagnostic de diabète…
  • mais aussi du fait d’une exploitation de ces données qui est restée (pour moi en tous cas) opaque. Je n’ai en effet pu rencontrer ni le statisticien de la zone sanitaire de Sakété (département du Plateau), ni celui de la Direction départementale de la Santé (DDS) couvrant les deux départements de l’Ouémé et du Plateau. De ce fait je n’ai pas pu voir le logiciel utilisé pour le recueil et la compilation des données. Quant à la transmission des données d’un échelon à un autre (Centre de zone => DDS => Ministère de la Santé) il semble qu’elle s’effectue par l’intermédiaire de CD Rom, l’utilisation d’Internet n’étant pas accessible dans l’ensemble du pays.


En conclusion :

 « TOB » est un projet humanitaire de santé ambitieux et complexe, du fait du contexte socio-culturel et économique africain, du grand nombre d’intervenants et de structures concernés, et de la multiplicité des aspects à prendre en compte dans la lutte contre une maladie multifactorielle, d’évolution lente et insidieuse, comme le diabète.

Je n’ai pris pleinement conscience de l’intérêt de cette opération qu’après ce séjour sur le terrain au Bénin, au sein d’une véritable équipe constituée par deux stagiaires PAH (pharmaciens humanitaires), Anne et Esther, présentes depuis plusieurs mois, de Marguerite Thura (à la fois PAH et Lions, directeur du projet TOB) et d’Hubert Thura (past-gouverneur de notre District et grand argentier de cette opération). C’est grâce à leur expérience et aux connaissances déjà accumulées dont j’ai pu bénéficier, que ce séjour a pu être aussi fructueux [3].

Et après cette expérimentation dans le département du Plateau puis son éventuelle généralisation à tout le Bénin, pourquoi ne pas profiter des enseignements d’une telle aventure en terre étrangère pour lancer une (future) action nationale des Lions-Clubs français de participation à la lutte contre la véritable épidémie mondiale de diabète qui touche aussi notre Pays ?


[1] Le PIB 2010 du Bénin par habitant et par an est de 1500 USD, soit 20 fois moins que celui de la France.

[2] La zone sanitaire représente le niveau opérationnel périphérique de l’organisation sanitaire au Bénin.

[3] On peut lire à ce sujet le témoignage d’Agnès, jeune PAH, sur son stage à Sakété de novembre 2012 à mars 2013 à la rubrique du blog PAH

 



 

 



22/05/2013
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