TRIANGLE D'OR BENIN

COMPTE RENDU DE LA MISSION DE SEPTEMBRE 2015

Durant trois années, nous avons instauré, à titre expérimental,
un programme de lutte contre le diabète dans le département du Plateau,
en partenariat avec les responsables sanitaires, les collectivités locales, les communautés du Bénin.

Nous avons essayé de comprendre le terrain,
étant conscients de l’importance d’un comportement,
écoutant et partageant la
culture (oralité, idées reçues…)

Nous pouvons dire aujourd’hui que nous maîtrisons le programme et ses outils,
les activités mises en œuvre, les manifestations communautaires
organisées par les Comités techniques communaux (CTC),
les actions pédagogiques dans les écoles et les collèges d’enseignements généraux (CEG)...

En un mot, nous avons engendré la confiance,
nous sommes assurés de la motivation et de la capacité de tous nos amis béninois
à œuvrer sur le terrain pour lutter contre le diabète,
et agir sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles en général.

Cependant, nous devons rester conscients que le changement des habitudes d’une communauté
prend du temps et demande un effort soutenu.

Les résultats de la mission : contacts, réflexions et activités à venir.

Comme il a été écrit dans le premier compte-rendu, une réunion au ministère de la Santé a permis de finaliser la rédaction de l’avenant. Le service juridique de la Direction nationale santé publique a ensuite validé le texte qui a été présenté à Monsieur le Ministre de la Santé, le Docteur Pascal Dossou Togbe pour signature.

 Le document a été signé très solennellement, Monsieur le Ministre qui voulait impérativement que je rentre en France avec le document.

Nous avons remarqué tous les deux que nous portions le même insigne. L’audience est devenue très cordiale, voire amicale, heureux de partager les mêmes valeurs et d’échanger nos fanions.

Cet avenant à la convention est indispensable pour l’obtention de subventions, et l’engagement de nos partenaires (Laboratoires, PAH)

L’hôpital de Porto Novo est devenu centre hospitalier régional universitaire avec la nomination d’un chef service en endocrinologie, le Pr Amoussou Guenou.

Le Professeur nous a fait visiter l’unité diabète, installée grâce à notre don de matériel. Nous avons pu constater qu’elle était opérationnelle et assister aux consultations avec les internes en médecine. (Photo)

Des aménagements sont encore nécessaires, comme par exemple l’équipement des lits en moustiquaires (peu répandus dans nos hôpitaux!).

En accord avec le directeur de l’hôpital, tout sera fait pour que cette unité diabète fonctionne pleinement en novembre.

Lors de nos dernières missions, le Docteur Marie Reine Houinsou avait attiré notre attention sur les difficultés rencontrées dans le service d’ophtalmologie de Porto Novo.

Dans un souci de proximité, nous avons installé un cabinet d’ophtalmologie à Pobè permettant ainsi l’accès aux soins pour les maladies oculaires, notamment la rétinopathie diabétique.

Dans la convention signée avec le ministère de la santé, il est précisé que nous devons favoriser les échanges entre les grandes firmes pharmaceutiques du nord et le Bénin.

A notre initiative, un contact a été établi avec le laboratoire Essilor et sa Fondation, la demande de partenariat devant émaner du ministère de la Santé béninois.

Le Pr Sounouvou, nouvellement nommé chef de service au CHRU de Porto Novo a rédigé un dossier où il exprime les besoins du service en vue de développer le plateau technique et la formation.

De nombreuses activités sont à développer (consultations, chirurgie, dépistage…) ce qui nécessite la création de services : service de réfraction, d’explorations fonctionnelles, traitement laser...

L’État béninois s’engage à participer à ce projet. Nous pouvons également envisager de participer, avec le concours de la LCIF, dans le cadre de “partageons la vision” ou le “défi de service du centenaire”.

Marie Françoise Legat et Jeanine Bonamy ont en charge ce volet vision, plus particulièrement celui de la prévention et de lutte contre les “cécités évitables”. Marie Françoise initiera des tests de vue dans les écoles pilotes dans le cadre de la journée mondiale du diabète 2015. Jeanine intervient auprès de Jack Carrot, professeur à la retraite de l’école d’optique de Morez, afin d’essayer d’améliorer le fonctionnement des ateliers d’optiques.

 Le laboratoire Roche s’est engagé, cette année encore, à nous faire don de matériel de dépistage. Des contacts ont été pris au ministère de la Santé afin de garantir la réception.

Mac Gael Anouma, responsable diabète pour l’Afrique de l’Ouest, sera présent à la journée mondiale du diabète et doit rencontrer le directeur de la CAME (Centrale d’achat des Médicaments Essentiels) et un dépositaire privé afin de fixer les conditions commerciales capables de garantir du matériel de qualité à un prix abordable pour les populations.

 Le laboratoire Sanofi organise, depuis de nombreuses années, des formations sur le diabète pour les médecins. Un projet de création d’une clinique du diabète et de l’hypertension (CDH) est en cours, ainsi que des supports de communication (affiches, flyers...).

Laure Monteiro, responsable Sanofi Bénin, nous a conseillé de contacter Mme Anny Fall.Nodo, directrice médicale Sanofi Afrique de l’Ouest et de l’inviter à la journée mondiale du diabète 2015.

 D’après la définition de l’OMS, la journée mondiale du diabète a pour but de mieux faire connaître la maladie et son ampleur dans le monde, mais aussi d’informer les populations des moyens de prévention disponibles.

Cette année, le 14 novembre est un samedi : pas de consultations dans les centres de santé et pas d’écoles.

Nous devons donc fixer le jour de la célébration de cette journée mondiale du diabète, sachant que les activités peuvent se dérouler les jours qui précèdent cette date.

Deux manifestations différentes suivant la zone géographique :

Une réunion s’est tenue à la Maison du diabète de Sakété, avec les directeurs des écoles pilotes, les délégués des Comités techniques communaux  des cinq communes, les représentants des maires, sous la présidence du directeur départemental de la Santé (DDS) , le Dr Clément Ahissou, et le coordinateur des zones PAKE et SAKIF, le Dr Joseph Zinsou.

Il a été décidé que les Comités techniques communaux et les directeurs des écoles pilotes organiseront seuls cette journée mondiale du diabète, en se référant au guide
élaboré par les chargés de mission PAH et les nutritionnistes béninoises. Ce guide définit très précisément, pour chaque activité, les objectifs à atteindre, les activités préparatoires et le déroulement de la manifestation.

Ce guide sera restructuré et agrémenté de photos par Gérard Gondry, puis photocopié et distribué aux comités techniques communaux, pour expérimentation et modifications éventuelles (avec les sacs Lions récupérés au congrès de Dijon).

Le budget prévisionnel de cette journée a été fixé à 180 000 FCFA (245€) par comités techniques communaux.

Les Comités techniques communaux doivent demander à leur mairie une subvention, sachant que certains conseils municipaux ont déjà voté cette subvention.

Les activités organisées seront fonction des cibles retenues :

• marches avec fanfare.
• compétitions sportives dans les collèges.
• sensibilisation avec boites à images.
• ateliers culinaires dans les communautés et les écoles (jardins pédagogiques).
• dépistages de proximité dans les centres de santé ou  les arrondissements.
• suivi des nouveaux cas de diabète et prise en charge.
• tests de vue.

Concernant le dépistage : c’est un acte médical qui doit être obligatoirement organisé par les agents de santé, soit dans les centres de santé, soit dans les quartiers pour plus de proximité en impliquant les chefs de village.

Ce dépistage doit être gratuit, c’est à dire qu’il peut être pris en charge par les communes dans le “cadre du développement communal “au niveau de l’organisation (crieurs publics, bâche…). Pour les agents de santé, il faut insister auprès du directeur de cabinet du ministre afin d’obtenir que les agents de santé travaillent gratuitement le jour de la journée mondiale du diabète.

Les tests de vue : à la demande des enseignants, nous envisageons des tests de vue dans les écoles. Marie Françoise Legat organisera les séances avec les Comités techniques communaux et les enseignants. Les enfants présentant un défaut de vision seront envoyés en consultation à Pobè (cabinet ophtalmo installé par nos dons). Un stock de lunettes est disponible à la Maison du diabète. L’enseignant sera chargé de vérifier que l’enfant porte bien ses lunettes. Peut-être sera-t-il nécessaire de laisser ces lunettes en classe?

Cette activité sera inscrite ensuite dans le guide des activités, avec un protocole détaillé, de manière à pouvoir être reproduite dans de nombreuses écoles, permettant ainsi d’étendre nos actions de prévention dans de nombreux établissements (écoles et CEG), et de cibler plus précisément les communautés (parents).

A l’issue de la réunion, le Directeur départemental de la Santé a félicité les membres des Comités techniques communaux et les enseignants pour leur disponibilité et leur volonté d’atteindre les populations les plus éloignées et les plus démunies face aux soins de santé. Il les a assurés de son soutien.

L’organisation de cette manifestation est sous la responsabilité du Directeur départemental de la Santé, du coordinateur de zone avec l’appui du Pr Houinato des maladies non transmissibles (MNT), des points focaux ophtalmo et cécité…

De nombreux points restent à définir:

• le lieu : en principe dans un centre de santé de Porto Novo.
• les activités : dépistage de masse avec sensibilisation grâce au matériel Roche, ou dépistage ciblé avec mesure du poids, prise de tension artérielle.
• tournée foraine bucco-dentaire.
• budget prévisionnel à définir.

Marcel Legat est chargé du volet bucco-dentaire.

La remise du matériel chirurgical sera faite officiellement suivant les besoins des hôpitaux.

Deux chargées de mission PAH, Claire Dreno et Clémence Delelis,
ont apporté leur contribution à la mission durant six mois.

Cette année, deux PAH, Hérodias et Martin seront présents sur le terrain dès novembre.

Les activités envisagées sont nombreuses :

• la prévention par la sensibilisation en insistant sur les quatre facteurs de risque (FDR) modifiables : la malnutrition, le manque d’activité physique, l’abus d’alcool et la consommation du tabac.
• promouvoir l’activité physique en organisant des marches, des compétitions sportives par secteur socio-culturel, dans les maisons de jeune, sur les lieux de travail…
• La formation des tradipraticiens et le rôle de la médecine traditionnelle dans le traitement du diabète, avec un contrat de partenariat avec les centres de santé pour une glycémie régulière.
• le suivi du malade avec un protocole établi par les PAH.
• un accord cadre a été signé entre la Faculté des Sciences de la Santé de Cotonou et l’université de Caen. Une collaboration est nécessaire entre les étudiants avec des stagiaires à la Maison du diabète. Les stagiaires de l’école de la nutrition de Cotonou ont apporté leurs connaissances en nutrition, précisément sur le « manger mieux ».

Une rencontre est prévue avec le doyen de la faculté pour finaliser ces stages.

• le passage à l’Ouémé : une mission exploratoire est envisagée, suivie de la mise en place du programme suivant le schéma utilisé sur le Plateau : réunion publique, formation de comités techniques communaux, organisation d’activités, partenariat avec les différents acteurs…

En conclusion, le  projet avance grâce à l’initiative de notre district Lions 103 Centre-Est
et à l’investissement de tous.

Est-ce l’heure de faire un bilan ?

Si l’on considère l’objectif que l’on s’est fixé : établir un programme de lutte contre le diabète dans le domaine de la prévention,
du dépistage et de l’accès aux soins de proximité, on peut dire qu’il est atteint.

Ces trois années nous ont permis de mieux appréhender un pays que l’on croyait pourtant connaître,
d’avoir une autre vision qui nous oblige parfois à prendre des décisions et des directions pas toujours prévues initialement.

Aujourd’hui, toute l’équipe est prête à relever le grand défi : le passage au département de l’Ouémé,
sans oublier le principe de base :

"Ne pas faire, apprendre à faire et laisser faire”

Marguerite  THURA

Chef de projet