TRIANGLE D'OR BENIN

BILAN ET ACTIVITÉS A VENIR.

Nous sommes aujourd’hui tous rentrés en France, après de belles journées passées au Bénin pour la célébration de la JOURNÉE
MONDIALE DU DIABÈTE 2015 dans

le département du Plateau et pour la première fois à Porto-Novo dans l’Ouémé.

L’heure est maintenant au bilan.

LA JOURNÉE MONDIALE DU DIABÈTE:

Dans le Plateau,

Le bilan des manifestations est positif : les membres des comités techniques communaux, les professeurs des écoles pilotes ont su mettre à profit leur expérience. Les activités se sont déroulées selon leur propre initiative, très souvent soutenues par les nouveaux maires qui ont participé à la marche organisée dans chaque ville, aux côtés de leurs concitoyens.

Un grand merci à tous ceux qui se sont impliqués durant cette journée : des volontaires soucieux d’améliorer la vie des populations isolées et les plus démunies. Organiser des activités dans les écoles, les collèges, ou les arrondissements demande une logistique et un investissement personnel important, surtout en zone rurale.

Réunions préparatoires et organisation de la journée du diabète.
Fourniture de dossiers, casquettes, t-shirts, ballons de football.

En ce qui concerne les dépistages-sensibilisation gratuits, les résultats seront collectés par Martin,
chargé de mission PAH, sous la responsabilité du directeur départemental de la santé,
le docteur Clément Ahissou avec la collaboration des médecins coordinateurs de zone.

Sans connaître les résultats, on peut déjà dire que peu de centres de santé ont participé à ces dépistages, au grand regret des populations qui attendent toujours impatiemment, comme ils disent, le moment de connaître « leur statut».

Huit postes de dépistages accueillaient la population de Porto-Novo le 14 novembre

 Qu’elle en est la raison ? La réponse nécessite une analyse et une réflexion au niveau des responsables sanitaires. On peut déjà affirmer que la première cause, est le refus de « motivation», au sens béninois (gratifications). L’élaboration de budgets, puis le refus de prendre en charge les perdiems (indemnités) des agents de santé ont entraîné un retard dans la mobilisation et la distribution du matériel ROCHE, matériel offert gracieusement à tous les centres de santé. Il est à préciser que nous avons formé 135 agents de santé en 2013, nous avons équipé de glucomètres les 65 centres de santé du Plateau et, grâce au laboratoire Roche, nous avons fourni les bandelettes nécessaires à ces dépistages.

Comment accepter qu’il soit nécessaire de former à nouveau des agents de santé, sous prétexte que certains ont changé de centres. Comment accepter de devoir rémunérer une matinée de dépistages (perdiems et pause-café) alors qu’une note du directeur départemental de la santé, le docteur Clément Ahissou du 13 mars 2014, adressée au ministre de la santé, le Pr Kinde-Gazard, spécifiait : « l’objectif de ces différentes réunions est d’amener les responsables de santé à intégrer la sensibilisation et le dépistage des populations dans leur paquet d’activités ».

Néanmoins, malgré ces difficultés, des dépistages-sensibilisation gratuits ont eu lieu le 14 novembre, ou auront lieu plus tard, grâce à l’investissement de médecins ou infirmiers qui, tout au long de l’année, collaborent avec les comités techniques communaux afin de prévenir, soigner le diabète et ses complications : un bel exemple de coopération entre la communauté et les responsables sanitaires.

 

Marches, pédagogie sur le diabète dans les écoles pilotes du département du Plateau.
Distribution de flyers d'information sur le diabète à la population.

Dans l’Ouémé,

La célébration de la Journée mondiale du diabète à Porto-Novo a connu un grand succès : marches, gymnastique, dépistages gratuits du diabète, mesures de la tension artérielle, évaluations des facteurs de risque. La présence d’autorités politiques, de responsables sanitaires, des élus aux côtés des partenaires et surtout de la population, témoigne de leur détermination à faire progresser le projet dans le combat contre le diabète, et plus généralement contre les maladies non transmissibles.

Merci à Monsieur le ministre de la santé, le docteur Pascal Dossou Togbé pour son engagement à nos côtés et son intervention sur les chaînes de télévision nationales, incitant les populations à lutter contre le diabète en acceptant de modifier leur comportement.

Monsieur le Ministre a également invité les directeurs départementaux de la santé à organiser, dans chaque zone sanitaire, une marche du diabète lors de cette journée du 14 novembre, prenant part en personne à l’une de ces marches.

En fin de séjour, nous avons rencontré certains maires de l’Ouémé. Tous sont enthousiastes et nous devons, sous l’autorité du directeur départemental de la santé, mettre en place notre programme en suivant un protocole bien établi avec le professeur Daniel Amossou Guénou, diabétologue à l’hôpital de Porto-Novo.

Deux villes sont déjà ciblées afin de devenir les futures villes-tests  de l’Ouémé : Dangbo et Bonou, avec la mise en place de dépistages-sensibilisation et l’approvisionnement de médicaments. Le maire et son équipe municipale doivent nommer un point focal diabète chargé d’organiser les activités de prévention et de traitement du diabète.

LA VUE

Suite aux tests de vue effectués à l’école de Sakété-Centre et à la visite rendue au centre ophtalmologique de Pobè, le docteur Clément Ahissou et le professeur Ignace Sounouvou ophtalmologue, mettent en place un suivi des enfants dépistés ainsi que la fourniture de lunettes.

Un protocole est rédigé afin de multiplier ces tests, dans les écoles du Plateau, avec l’aide des comités techniques communaux. Ces tests, dits « estimation de la fonction visuelle éloignée » ne nécessitent pas la présence de spécialistes. L’important est de se référer à un professionnel pour une consultation gratuite si l’on détecte un trouble visuel. Une paire de lunettes pourra, si nécessaire être remise lors de cette consultation. (lunettes Médico)

Ces tests sont effectués avec les kits offerts par le laboratoire Essilor dans le cadre de la Journée mondiale de la vue célébrée en France.

Unité De Diabétologie à l'hôpital de Porto-Novo

Afin d’améliorer l’accès aux soins du diabète et de ses complications, nous sommes sollicités par le corps médical pour renforcer le plateau technique de l’unité de diabétologie, avec la création d’un centre de sensibilisation pour la communauté. Un projet est en cours (plans des locaux, devis…). Nous nous sommes rendus avec le professeur Amoussou Guénou au Centre Raoul Follereau de Pobè, bien équipé en salles de pansements, ainsi qu’à la clinique du diabète et de l’hypertension à Abomey Calavi, créée par le laboratoire SANOFI. Bien évidemment, ce projet nécessitera des subventions et de nombreux partenaires. Les laboratoires ROCHE, SANOFI, ESSILOR sont déjà à nos côtés pour faire avancer le projet. Des contacts sont pris avec les fondations SANOFI ESPOIR ET ESSILOR, ainsi qu’avec deux fondations béninoises : MTN (opérateur téléphonique) et la banque BOA (Banque Ouest Africa).

En mars 2012 nous avons signé une convention, installant un partenariat entre le Ministère de la santé du Bénin, le Lions clubs international et PAH (Pharmacie et Aide Humanitaire) afin de prévenir le diabète, d’améliorer sa prise en charge et le suivi des patients diabétiques, dans un premier temps au niveau du Plateau.

Le 4 septembre 2015, un avenant a été signé avec monsieur le ministre de la santé, le docteur Pascal Dossou Togbé, prolongeant ainsi notre programme pour une durée de 3 ans dans le département de l’Ouémé.

C’est un projet de grande envergure. Il est donc nécessaire de prendre un temps de réflexion sachant que les activités menées sur le Plateau, à titre expérimental ,étaient destinées à élaborer un programme de lutte contre le diabète pouvant être appliqué dans un premier temps à l’Ouémé et, éventuellement, au Bénin en général.

Le « Plan stratégique intégré de lutte contre le maladies non transmissibles 2014/2018 » du Ministère de la santé du Bénin fixe un cadre formel de référence des activités à mener dans la lutte contre les maladies non transmissibles, dont le diabète.

L’enjeu est de mettre en œuvre ce plan stratégique afin de mener une lutte efficace, le problème étant, en général, la prise en charge au niveau périphérique de ces pathologies chroniques.

Au cours des trois dernières années, ce plan a été mis en œuvre dans le cadre de la lutte contre le diabète dans le département du Plateau.

Bien que bénéficiaire du plan, la communauté a été impliquée comme actrice dès le départ dans les phases d’identification des problèmes prioritaires de santé, de planification, de la mise en œuvre et d’évaluation des interventions et mesures ciblant la communauté.

Le programme ainsi élaboré essaie d’apporter une réponse à de nombreuses attentes, à générer l’enthousiasme et la volonté de se mobiliser pour mettre en place des solutions durables, avec comme principales orientations :

• l’amélioration du niveau de connaissances de la population sur les moyens de prévention.
• la promotion de dépistages précoces.
• l’amélioration de la prise en charge
• le renforcement de la surveillance épidémiologique.

Grâce à la mobilisation de tous, de nombreuses activités ont été menées dans le Plateau, ainsi que l’élaboration d’outils de communication sur le diabète, l’accès aux soins, le suivi du malade.

Il est aujourd’hui important de mutualiser les acquis et de décentraliser ce programme dans le département de l’Ouémé. Le 14 novembre 2015, la ville de Porto-Novo a célébré la journée mondiale du diabète, instaurant officiellement la participation du département de l’Ouémé au programme de lutte contre le diabète.

Dix centres de santé ont été équipés de glucomètres et bandelettes. Ces centres deviendront des centres de santé pilotes de prise en charge du diabète au niveau périphérique.

La mise en application du programme dans  l’Ouémé devrait s’appuyer sur un comité de suivi, avec une coordination

• au niveau central par la coordination du plan national de lutte contre les maladies non transmissibles : planification et mise en œuvre des stratégies et intervention dans le cadre de la prévention et de la lutte contre le diabète.
• au niveau intermédiaire, avec l’équipe de la direction départementale de la santé: mise en œuvre des interventions au niveau des zones sanitaires.
• au niveau de la zone sanitaire : exécutions des activités définies retenues au niveau central.

EN CONCLUSION

Le développement de ce programme dans l’Ouémé nécessite clairement la collaboration de tous les partenaires et les compétences des uns et des autres : ministères de la santé, médecins, universitaires, industrie pharmaceutiques, collectivités locales, associations, communauté…

Dans le département du Plateau

Deux chargées de mission PAH, Hérodia et Martin, sont au Bénin pour cinq mois. Ils sont arrivés sur le terrain avec un regard neuf et objectif sur ce qui a été fait durant ces trois années passées.

Leur analyse constructive sur l’utilisation des outils élaborés dans le cadre du programme permettra leur rédaction définitive, en collaboration avec les médecins, nutritionnistes, enseignants, comités techniques communaux... Différents guides pourront ainsi être édités (cf guide des jardins pédagogiques) améliorant la communication et la sensibilisation, ainsi que la prise en charge et le suivi du patient diabétique (registres, carnet de suivi…).

Au programme également, les associations de diabétiques et la généralisation des tests de vue.

En ce qui concerne le programme dans l’Ouémé

Le Professeur Houinato termine une étude STEPS ce qui nous permettra, aux vues des résultats :

• de faire un plaidoyer pour une meilleure prévention et prise en charge du diabète, et plus généralement des maladies non transmissibles,
• de solliciter l’appui de partenaires et de réunir des financements afin d’établir un budget permettant l’extension du programme au département de l’Ouémé.

Aujourd’hui, nous avons tous un nouveau défi à relever : la lutte contre le diabète dans le département de l’Ouémé. La population de ce département connaît les réalisations menées sur le Plateau et a une grande confiance dans ce projet.

A nous de ne pas décevoir.

Marguerite Thura

Chef de projet